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Etl'eau après la fin du monde
15 octobre 2013

L'échelle de la douleur

Quand on a une douleur physique, il est facile de se référer à une échelle de la douleur.

Vous savez, ce moment aux urgences ou après une opération où un soignant vient vous voir pour vous administrer un anti-douleur et où il vous demande de quantifier votre douleur, sur une échelle de 0 à 10. L'échelle de la douleur physique: 0 vous n'avez pas mal, 10 c'est insupportable.

Une césarienne qui se réveille: 6 ou 7; des contractions: de 3 à 9 selon le moment; une coupure au doigt: 2 ou 3...

Mais une douleur émotionnelle, est-ce quantifiable?

Une douleur émotionnelle peut-elle être comparée à une douleur physique?

Et surtout, peut-on comparer la douleur de quelqu'un à celle d'une autre personne?

 

C'est marrant comme les gens sont toujours en train de se comparer à vous... Je suis sûre que vous savez ce que c'est: "oh moi, je n'ai rien senti"; "ça ne peut pas être si douloureux"...

C'est marrant comme il faut toujours être comme tout le monde, même sur l'échelle de la douleur.

 

Ne dit-on pas pourtant que chaque personne est différente? Alors pourquoi en serait-il autrement concernant la douleur?

 

Qu'est-ce-qui est le plus douloureux: une fausse couche à 1 mois 1/2 de grossesse? Un mort né? Une IMG? Une IVG?

Franchement, si vous avez la réponse à ça, si vous pensez avoir la réponse à cette question, vous pouvez allez lire ailleurs.

 

Une douleur, physique ou émotionnelle, n'est quantifiable que par une seule personne: celle qui la ressent. Personne d'autre. Pas même un foutu médecin compétent dans ce domaine, ou votre mère, votre belle-mère, votre soeur, votre meilleure amie, personne!

 

J'ai de la peine, une grande peine pour mon amie, celle qui est venue m'aider ce 2 juillet. J'ai de la peine parce qu'elle est venue m'aider alors qu'elle même souffrait de son IVG, quelques mois plus tôt. Je savais que son aide réveillerait ses douleurs. J'étais désolée de faire appel à elle.

 

Ma douleur physique ce jour là, n'était rien comparée à ma douleur émotionnelle: je perdais mon bébé. Oui, il s'agissait bien d'un bébé, comme me l'a gentiment dit ce médecin de l'EFS, pas seulement un tas de cellules dégénérées et non viables. Pas juste un embryon de 6 mm sans coeur. Un bébé, un vrai, dans mon coeur et dans ma tête et dans mon ventre.

 

Et oui, je suis furieuse, je suis en colère parce que la plupart des gens ne l'ont pas vu comme ça. Je leur en veux.

Ma douleur émotionnelle depuis ce jour se situe à 8 probablement. Elle ne diminue pas, je vis avec, c'est tout. Parfois, souvent, je préférerais mourir que de continuer à vivre avec. Mais j'ai un enfant, il a besoin de moi, je ne veux pas le priver de sa mère.

 

Mais qui entend ma douleur émotionnelle et physique? Plus personne désormais. Pour tout le monde, cette histoire appartient au passé. Pour tout le monde, je devrais avancer, passer à autre chose.

 

Sur mon échelle de ma douleur, rien ne pourrait être pire. Ce n'était pas mon année: en 1 an, j'ai vécu 3 drames insupportables. En 1 an, j'ai vu mon frère adoré être interné en hôpital psychiatrique parce qu'un homme n'a pas joué le bon rôle dans sa vie, j'ai vu mon oncle adoré mourir de cette saloperie de clope, j'ai perdu mon bébé espoir. En 1 an, j'ai supporté plus que de raison.

Mon corps de tout juste 30 ans est défaillant et j'ai beaucoup de difficultés à trouver un emploi adapté, mon corps de 30 ans est redevenu accro à cette saloperie de nicotine, mon corps de 30 ans ne sait plus fabriquer de bébé, mon corps de 30 ans m'est tout sauf utile.

 

Je peux supporter la douleur physique que ce corps me fait endurer depuis ma naissance. Mais je ne supporte plus la douleur émotionnelle. J'ai trop donné.

 

Ne laissez jamais quelqu'un vous dire ce que vous devriez ressentir. Votre douleur physique ou émotionnelle est personnelle, elle vous appartient, personne n'a le droit de vous dire le contraire.

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Commentaires
S
S
Je te lis... je me dis que je t'ai donné peu de temps, que je ne t'ai pas offert une écoute de qualité, je regrette... je voudrais tant pouvoir t'aider, alléger ta souffrance, t'aider à supporter ton corps qui te fait tant endurer.... Elo tu es une femme formidable, forte OUI forte, belle..... Elo crois en toi!
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