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Etl'eau après la fin du monde
14 octobre 2013

Ma fausse couche

Juste écrire ce mot, c'est déjà difficile. Le dire, c'est encore pire. Parfois je parle de ça en disant "ce qui s'est passé en juillet"...

Mais que s'est il passé en juillet?

 

Revenons un peu en arrière.

Nous sommes le vendredi 31 mai et je viens de faire un test urinaire qui me confirme que je sus bien enceinte de ma 2eme IAC.

J'hallucine, je suis en joie. Suite à ce test, j'appelle mon gynéco pour demander une prise de sang et mon médecin généraliste pour lui demander un rdv dans les jours à venir.

Je ferai la prise de sang dans la journée et aurai la confimrmation dès le lendemain: je suis bien enceinte.

 

J'ai passé 18 jours idylliques. Merveilleux. Moi et mon mari nous étions sur notre nuage. Rien ne pouvait entacher notre bonheur. Enfin, c'est ce qu'on croyait. Comme c'est une IAC qui m'a faite tomber enceinte, le gynéco a tenu à me faire passer une échographie le 18 juin. Mon mari ne peut pas venir, j'y vais donc seule. Pour la première fois depuis des années, je n'envie pas ces femmes enceintes et nouvelles mères qui déambulent dans la salle d'attente de la maternité. Je sais que je serai comme elle dans quelques mois.

Voilà, c'est mon tour. Le gynéco me pose des questions sur mon état de santé actuel et commence l'échographie. On voit l'embryon tout de suite. Il est facilement visible. Ce qui m'inquiète c'est que mon gynéco a l'air de chercher quelque chose. Et je commence à me dire que ce n'est pas normal qu'il cherche autre chose que l'embryon. Mon coeur commence à s'accélerer. Il me parle enfin:

" Bon, je vous confirme que vous êtes bien enceinte. Il y a bien un embryon dont la taille correspond à la date de début de grossesse. Le sac est beau et ferme. Par contre, je ne trouve pas l'activité cardiaque."

 

Je comprends d'emblée que mes intuitions depuis quelques jours sont les bonnes: tout s'est arrêté. Je n'avais pas vraiment osé en parler autour de moi, mais depuis 3 ou 4 jours, je n'avais plus de symptômes: plus de douleurs abdominales, plus de douleurs dorsales, plus de douleurs dans les seins. Je pensais simplement que c'était dû à l'avancée de la grossesse, que mon corps s'adaptait. Même si une toute petite voix me disait que ça n'était pas normal. Je ne voulais pas écouter cette petite voix. Je voulais croire en ce bébé.

 

Avant de sortir de ce rdv, le gynéco m'informe qu'en général à 6sa + 4 jours, il trouve l'activité cardiaque.

Par un concours de circonstances, je ne peux pas prendre le rdv qu'il veut dans une semaine, je ne peux pas revenir avant le 3 juillet. Enfer et damnation. Comment vais-je tenir aussi longtemps?

Je rentre chez moi, morte de l'intérieur. Effondrée.

 

Je vous passe les détails des quelques jours qui ont suivi, durant lesquels j'ai oscillé constamment entre le désespoir et l'envie de croire.

J'ai eu 3 prises de sang pendant ce laps de temps, toutes positives avec un taux augmentant mais, avec le recul, pas assez vite.

 

Et puis, dans la nuit de 30 juin au 1er juillet, je ressens une très forte contraction. Je sais ce que c'est une contraction, j'en ai eu pendant la grossesse de mon premier enfant. Je sais aussi malheureusement ce que signifie une contraction dans mon cas. Je patiente jusqu'au départ de mon mari. Je cours aux toilettes. Un tout petit peu de sang. Presque rien.

Je prépare mon fils pour l'école. Le dépose. Et file aux urgences. On me fait entrer dans une salle d'accouchement (!) et me fait patienter jusqu'à l'arrivée du médecin.

Lorsque le médecin arrive enfin, il fait une échographie. Je l'entends dire les tailles de l'embryon (6mm) et du sac (2cm) et je comprends. Ce sont les mêmes tailles que la dernière fois. C'est une grossesse non évolutive. Heureusement je suis tombée sur un gynéco formidable, très humain. Il m'a laissée le choix entre patienter un peu avant de déclencher la FC en reprenant un rdv avec lui dans quelques jours ou la déclencher maintenant. Je veux attendre. Je repars avec mon rdv sous le bras.

 

Ce jour là, je me suis remise à fumer. J'avais arrêté depuis plus de 6 ans.

Je rentre chez moi décomposée. Je ne perds pas de sang. Je demande à ma mère de venir passer la journée avec moi. Comme elle a une heure de route pour venir, j'en profite pour prendre une douche. Je me revois dans cette douche hurler en me tapant sur le ventre: "Sors de mon corps! je veux que tu t'en ailles! Je veux que tu me laisses tranquille!".

J'ai commencé à perdre un tout petit peu de sang dans la journée.

 

Et puis la nuit est arrivée. Vers 4h du matin, je ressens des contractions de plus en plus violentes. Au bout d'1h, je me lève et prends un anti douleur. Je ne veux plus rien (re)ssentir alors je prends un anti douleur à base d'opium.

Vers 6h30, ne pouvant toujours pas dormir, je décide de me lever pour prendre mon petit déjeuner tranquillement avant que mon fils ne se lève. Mais l'anti-douleur me donne des nausées. Et des nausées cumulées à des contractions fortes, c'est pas un bon cocktail.

J'appelle les urgences. Mon fils se lève. Je lui dis que je ne suis pas bien et lui demande de se préparer. J'appelle une amie. Je la réveille. Elle s'habille et arrive. Je demande à mon fils de me laisser la place aux toilettes. J'ai envie de vomir. Je ne me sens pas bien. Il part me chercher une bassine pour qu'il puisse faire pipi. Je me retrouve allongée sur le sol dans le couloir.

La copine arrive suivie de peu des urgentistes. Elle s'occupe de mon fils. Elle appelle ma mère. On m'emmène aux urgences de la maternité. Et je me retrouve encore dans cette fichue salle d'accouchement. Je suis complètement droguée. Les drogues n'ont jamais eu un bel effet sur moi. Je le sais depuis longtemps à cause des anti-douleurs comme la codéïne (dérivée de la cocaïne) ou la morphine. Je suis malade à chaque fois.

 

Je me retrouve donc dans cette salle droguée, nauséeuse et à devoir gérer des contractions.

 

J'ai géré seule. J'ai géré l'affreux gynéco de garde. J'ai géré les contractions. J'ai géré ma solitude (je ne voulais pas appeler mon mari et qu'il me voit comme ça). J'ai géré l'arrivée de ma mère et de mon grand frère. J'ai géré. J'ai joué un rôle. J'ai fait semblant. J'ai pleuré quand j'étais seule. J'ai vidé toutes les larmes de mon corps.

 

Ces 1er et 2 juillet ont été les pires moments de ma vie. Et pourtant, j'ai déjà vécu des choses difficiles. Mais ça, ce fût le pire évènement de tous. Encore aujourd'hui, je pleure en écrivant ces quelques lignes.

Pendant de très nombreuses semaines, je me levais et me couchais chaque jour en me visualisant, une arme enfoncée dans la gorge. Je voulais mourir. Je voulais faire cesser la douleur. Je voulais qu'on m'arrache le coeur.

 

Je ne veux pas retomber enceinte. Je veux qu'on me rende mon bébé. Je veux qu'on me le rende. Je veux qu'on le remette dans mon ventre. Je veux effacer ces derniers mois. Je veux que mon ventre soit rond et mes pensées douces et calmes. Je veux être heureuse.

 

bébé2bisA toi, bébé2, que je n'oublierais jamais <3

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